Hôpital public : en crise !

Publié le par Eddie AIT

Tribune publiée dans FRANCE SOIR (23.07.2005)

par Eddie AIT, Conseiller Régional d'Ile-de-France (PRG)
Administrateur du Centre hospitalier intercommunal de Poissy-Saint Germain 


Depuis des mois, la mise en place du « Plan Hôpital 2007 » et ses implications financières agitent les établissements publics hospitaliers franciliens et notamment le Centre hospitalier intercommunal de Poissy - Saint Germain en Laye situé dans le département des Yvelines.

Le « Plan Hôpital 2007 » prévoit que les hôpitaux bénéficient de trois types de financement. Un budget global pour une partie de leur activité, une enveloppe forfaitaire destinée à couvrir leur mission de service public et la tarification à l'activité, la T2A (la T2A prévoit de rémunérer les hôpitaux en fonction de la nature des prises en charge réalisées). Cette réforme du financement public se traduit par une mise en relief des activités les plus rentables, mais aussi des activités les plus coûteuses. En réalité, la T2A va permettre à l'Etat de rémunérer les hôpitaux aux chiffres d'affaires rendant ainsi élastique une partie des recettes alors que les coûts resteront fixes.

On l'aura compris, l'hôpital qui entend réduire ses coûts devra jouer sur sa masse salariale. Nombreux d'ailleurs sont les établissements qui ne remplacent déjà plus les départs en retraite et/ou ne renouvellent pas des contrats à durée déterminée.

Ces pratiquent préparent peu l'avenir. Elles suppriment des emplois sans engager des réflexions de fond sur l'organisation des établissements hospitaliers, créant chez les soignants le sentiment d'une paupérisation des soins, d'une baisse de la qualité et d'une dégradation de leurs conditions de travail. Ce sentiment est partagé par la population qui ne comprend pas que l'on puisse à la fois vouloir réduire les coûts et inviter les jeunes à rejoindre les métiers de la santé pour éviter la pénurie annoncée. Cette incompréhension est d'autant plus aiguë que les efforts engagés pour baisser les coûts sont souvent insuffisants du fait des déficits existants. La mise en place des contrats de retour à l'équilibre financier (CREF) et le développement des partenariats avec les Cliniques privées n'y changeront rien.  

Désormais, l'hôpital public, qui n'est plus à l'abri d'une gestion comptable, est menacé. 

Attachées à un système de santé fondé sur la solidarité entre tous les citoyens, la Région Ile-de-France mène une politique volontariste dans le domaine de la santé. Outre son investissement en faveur de la périnatalité et des personnes âgées, elle s'emploie à améliorer les services des urgences, secteur essentiel de notre système hospitalier. Elles souhaitent garantir aux usagers et à l'ensemble de nos concitoyens un service public de santé hospitalier, permettant à tous, et surtout aux plus faibles d'entre eux, d'être soigné dans le respect dû à chacun.
 
Si, comme l'écrivait le chirurgien TENON en 1788, " les hôpitaux sont en quelque sorte la mesure de la civilisation d'un peuple " , il est impératif d'analyser la situation de nos établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux à la lumière de leur fonctionnement interne, dans un contexte économique, social et politique en perpétuel mouvement.

Publié dans Santé

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